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Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/118

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Frédéric ! toutes les fois que mes regards se tournent vers cette église, où je contractai mes premiers engagemens avec Dieu… je crois voir… j’entends la voix du ministre de ses autels… et ces mots… Que sont devenues tes promesses ?… tes sermens à la vertu ? Ces mots retentissent jusqu’au fond de mon âme, et y portent, même encore dans ce moment, le trouble et la terreur… Dès que je me vis enceinte, l’illusion disparut. Le voile enchanteur qui nous avait fasciné les yeux jusqu’alors, se leva enfin… Nous vîmes clairement nos malheurs, et ce ne fut qu’avec effroi que nous envisageâmes l’avenir… Mon amant ne me dissimula point les obstacles qui s’opposaient au désir qu’il avait de m’épouser… Il craignait sa mère, dont la hauteur lui était connue… Oh ! avec quelle adresse il sut me faire goûter ses raisons !… Il connaissait trop mon cœur pour ne pas lui parler son langage ; et il n’eut pas de peine à me persuader… Je promis tout ce qu’il voulut… Je m’engageai à tout… Je lui fis le serment solennel de ne jamais (à quelqu’extrémité qu’on me réduisît) de ne jamais nommer le père de l’enfant que je portais, et je lui ai fidellement tenu parole. Son nom, ainsi que son image, sont restés ensevelis dans le fond de mon cœur. Aucune puissance n’eut été capable de l’en arracher… Tranquille… et rassuré par mes promesses… son congé expiré, il partit pour son régiment… et je restai seule, abandonnée à toutes les horreurs de