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Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/121

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tiers de la vertu… J’ai tenu ma parole, mon cher Frédéric, je l’ai tenue… tu peux me regarder…

Frédéric, se jete dans ses bras… et après quelques momens,
Wilhelmine, continue.

Ta naissance, qui arriva enfin, me causa beaucoup de joie… et beaucoup de chagrin… Deux fois j’écrivis à ton père ; mais je ne reçus point de réponse…

Frédéric, vivement.

Point de réponse !

Wilhelmine.

Doucement, mon ami… Nous étions alors en guerre. Son régiment campait, tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre. En pareille circonstance, une lettre s’égare aisément… Non ; il ne les aura point reçues… il m’aurait répondu… son cœur n’était point méchant. Peut-être que si j’eusse continué mes perquisitions… Mais soit crainte… soit orgueil… je ne voulus point l’importuner davantage. J’attendis long-temps en silence, et quelques années après… j’appris qu’il était… marié ! Cette nouvelle fut un dernier coup de foudre… j’en fus long-temps accablée… Mes larmes coulèrent en abondance ; mais elles tarirent enfin… et ce furent les dernières que je répandis sur lui. Rappelant enfin tout mon courage, je ne m’occupai plus que de toi, mon cher enfant ! Tranquille et solitaire, j’habitais une simple cabane et vivais du travail de mes mains… Toi seul