Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/131

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Elle est bien élevée celle-là. Voirement il n’y a pas perdu ses peines. Faut voir comme elle se tient quand elle entre à l’église. Ça vous salue, à droite, à gauche ; et bonjour par-ci, bonjour par là ; et puis un petit signe de tête gracieux à l’un, un petit mot, doux comme miel, à l’autre ; et ma bonne, comment va-t-il ? et mon ami, comment ne va-t-il pas ? Oh ! c’est un charme que cette gentillesse-là.

Brigite.

Ah ! c’est ben vrai ça… Mais ce n’est pas là tout. Faut la voir au prêche, assise dans son banc… C’est que ça ne ricanne pas ; dame ! ça vous prie Dieu, comme une sainte ; son éventail droit devant la figure, et puis les yeux fixés toujours sur M. le pasteur, sans tournailler de droite et de gauche, comme tant d’autres que je connaissons.

Wilhelmine, fort troublée.

Mes amis ! qui est cette jeune demoiselle…?

Lucas.

Eh ! la fille de son père apparemment, de M. le baron de Wildenheim.

Wilhelmine, avec la plus grande émotion.

Est-il ici ?

Brigite.

Comment, vous ne savez pas ça. Allons ; fait bien voir que vous venez de loin. (confidemment) Il y aura vendredi cinq semaines, qu’il arriva ici, au château ; lui, sa fille, ses chiens, ses chevaux et tout le bataclan.