Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/155

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resques de la campagne, et les beautés de la nature… Je l’approche humblement… Là-bas, lui dis-je, et les larmes ruisselaient de mes yeux, là-bas, sous ce toît de chaume, dans cette cabane… Le point de vue en est délicieux, je veux le fixer un instant, interrompit-elle… et elle détourne ses regards du pauvre qui l’implorait… Cette petite pièce-ci… Ah ! celle-ci ! seule elle fructifiera dans mes mains… Je la tiens d’un malheureux comme moi… partageons, me dit-il, c’est tout ce qui me reste… À ces mots, je l’embrasse… et ne trouvant point de termes pour exprimer ma reconnaissance, je lève mes mains au ciel… je lui présente cette offrande, bien sûr que tôt ou tard il en recevra la récompense… (après un moment de silence) Mais à quoi ces légers secours peuvent-ils me servir ? Hélas ! il n’y a pas même de quoi acheter un linceul pour envelopper le corps de ma mère… Ciel !… j’apperçois d’ici la tour d’un château où règne le faste et l’opulence… son sommet semble braver la chétive cabane… Passant ! ne vous y trompez pas ! cette cabane est un temple aux yeux de l’Éternel. La vertu y a trouvé un asile. (Il se promène en rêvant) Si le hasard pouvait amener ici quelque enrôleur… pour cinq écus… cinq écus… quel trésor !… Et dans ce même instant un sordide intérêt, l’aveugle passion du jeu risque peut-être le double, le triple de cette somme sur une seule carte. (Il s’assied et s’essuie le visage) Ah mon père ! mon père… chaque goutte de sueur que