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Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/167

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sans qu’ils se soyent expliqués ? Ou bien n’y aurait-il que le mien qui aurait parlé ? vous ne m’aimeriez donc point ?

Erman.

Je ne vous aime point ! Dieu ! Amélie ! si choisir, désirer seulement, était en mon pouvoir ; s’il m’était permis de former des vœux, quelle autre que vous… mais, mademoiselle, jamais je n’oublierai… jamais je ne perdrai de vue, j’espère, que ce n’est qu’à titre d’ami et de directeur, que j’ai le droit de vous intéresser… Vous, fille du baron de Wildenheim, et moi ! qui suis-je ? qu’ai-je à vous offrir ? l’hommage d’un cœur…

Amélie.

Et c’est lui seul que je veux, qui me tiendra lieu de rang, de fortune, de tous ces frivoles avantages, que vous m’avez si bien appris à apprécier à leur juste valeur. Je les méprise : mon choix seul m’ennoblira.

Erman.

Non, ce choix n’est pas en votre pouvoir : destinée à briller dans un monde que vous ne connaissez pas encore, vous vous repentiriez bientôt de vous y être arrêtée. Réfléchissez un moment, belle Amélie, et voyez quelle foule de considérations élèvent une barrière entre vous et moi ; d’abord la censure, que dis-je ! le mépris de votre famille entière ; de ceux même qui se disent aujourd’hui vos amis : vous les verriez s’éloigner insensiblement ; se détourner de votre chemin, pour