ACTE IV.
Scène PREMIÈRE.
Que le premier sentiment du crime pénètre douloureusement dans un cœur accoutumé à la vertu ! Qu’il est accablant, et que les peines du malheureux qui souffre innocemment sont douces, en comparaison de celles du coupable ! Ce matin, ce matin encore, le soleil s’est levé sur moi ; et j’étais digne de lever les yeux sur lui : mon âme se réjouissait à sa brillante lumière : j’étais innocent, mon cœur était pur, exempt de reproche… et maintenant… Ô Dieu ! que le pas qui conduit de la vertu au crime est aisé à franchir ! Que la route en est glissante ! que la pente en est insensible ! Ce matin, la joie et le sentiment du bonheur inondaient mon âme… Je pars ; l’idée de ma mère, le désir de la revoir, semblait me donner des ailes ; mes pas se précipitaient ; mes pieds ne touchaient point la terre : d’avance je