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ACTE IV.




Scène PREMIÈRE.


Le Théâtre représente l’intérieur de la tour du château.


FRÉDÉRIC seul, assis près d’une table, sa tête appuyée sur sa main, dans le plus grand accablement.

Que le premier sentiment du crime pénètre douloureusement dans un cœur accoutumé à la vertu ! Qu’il est accablant, et que les peines du malheureux qui souffre innocemment sont douces, en comparaison de celles du coupable ! Ce matin, ce matin encore, le soleil s’est levé sur moi ; et j’étais digne de lever les yeux sur lui : mon âme se réjouissait à sa brillante lumière : j’étais innocent, mon cœur était pur, exempt de reproche… et maintenant… Ô Dieu ! que le pas qui conduit de la vertu au crime est aisé à franchir ! Que la route en est glissante ! que la pente en est insensible ! Ce matin, la joie et le sentiment du bonheur inondaient mon âme… Je pars ; l’idée de ma mère, le désir de la revoir, semblait me donner des ailes ; mes pas se précipitaient ; mes pieds ne touchaient point la terre : d’avance je