Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/196

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Wieland par exemple, un Kotzebue ; mais qu’est-ce que tout cela ? Un homme de goût peut-il perdre son temps à lire des choses qui ne font que remuer l’âme et exciter sa sensibilité ? Il faut du léger, du frivole, le reste fait mal au cœur.

Le Baron.

Ma foi, M. le comte, si le vôtre est aussi malade que votre esprit, je vous plains ; mais dites-moi, je vous prie : est-ce aussi d’un homme de goût de nous empester comme vous faites, par je ne sais quelle odeur renfermée dans ce flacon, et dont vous nous incommodez depuis une heure.

Le Comte.

Pardon, mon colonel, pardon ; mais je vous dirai tout franchement, qu’il règne dans votre salon une odeur que je ne puis supporter ; mes nerfs en sont dans une irritation inconcevable. Elle s’attache à mes habits, à mes cheveux même. Je crois entre nous, qu’on y a fumé la pipe… oui, en vérité, la pipe de tabac ! C’est encore un usage attaché à mon maudit pays, surtout parmi messieurs les militaires. Cela n’est pas étonnant : ils n’ont jamais appris qu’à se battre. Mais moi qui, grâces à Dieu, ai pris dans l’étranger d’autres mœurs et d’autres coutumes, je vous avouerai naïvement, que je déteste toutes celles qui tiennent à mon pays ; et la fumée de tabac m’affecte à un point, que je me vois forcé, absolument forcé de sortir d’ici, et

De quitter avec douleur
La beauté, qui soumet mon cœur. (Il sort.)