Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/200

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rations, dont une seule suffirait pour te convaincre que ce que tu crois être un sentiment, n’est qu’une poupée dont ton imagination s’amuse. Ton jeune cœur enflammé par la reconnaissance, croit aimer ; et n’en est pas encore à son apprentissage. Ce que tu éprouves dans ce moment, n’est qu’une fantaisie, un caprice ; et si j’avais la faiblesse d’acquiescer à tes désirs, il faudrait que je fusse bien peu éclairé sur tes véritables intérêts. Ce n’est pas à l’aurore de sa vie, que l’on fixe son sort et sa destinée. Dans peu je me propose de quitter la campagne, et je te ferai faire ton entrée dans le monde. C’est un pays encore inconnu pour toi : j’y guiderai tes pas : je t’accompagnerai partout ; tu parcourras le cercle de nos élégans ; tu les verras s’empresser autour de toi, et tu trouveras bientôt, dans les divers objets qui te seront présentés, de quoi te distraire agréablement de celui-ci.

Amélie.

Mais, ces objets, quelqu’aimables qu’ils soient, il me faudra apprendre à les connaître. Beaucoup, j’en suis sure, n’en vaudront pas la peine. Il faudra étudier leurs caractères ; et je puis après cela encore être trompée : au lieu qu’en m’arrêtant tout uniment au choix qu’a fait mon cœur, je suis bien sûre de ne pas l’être.

Le Baron.

Mon Amélie, tu ne le connais pas encore ton cœur, et tu veux le donner ! tu n’as pas encore