Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/223

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lancer ; et voici, (tirant de sa poche la bourse qui lui a été envoyée) qui met le comble à ses outrages… La voilà, monsieur, cette bourse avec laquelle il croit effacer tous ses forfaits. J’ignore dans quelle vue vous êtes venu me trouver… Peut-être envoyé par lui, cherche-t-il à voir par vos yeux l’effet que tant d’années de souffrances ont opéré sur mes sentimens, comme sur ma personne : peut-être vous envoie-t-il me prier, ou m’ordonner de quitter des lieux, où ma présence génerait ses plaisirs ; peu m’importe… je n’ai, monsieur, qu’une seule prière à vous faire : rapportez à cet homme si généreux, la bourse avec laquelle il a cru s’acquitter de tout ce qu’il me doit. Dites-lui, que ce n’est point à ce prix que j’ai mis le plus grand des sacrifices… dites-lui, que s’il croit que c’est par l’or qu’on répare les crimes, il n’est pas du moins assez puissant pour effacer dans mon âme celui de l’avoir aimé. Dites-lui que toutes les richesses du monde ne me revaudront pas la bénédiction d’un père que j’ai perdue par lui… dites-lui que la malheureuse… la pauvre… l’infortunée Wilhelmine, cache encore, sous ces misérables haillons dont vous la voyez couverte, un cœur dégagé de ses fers… trop grand, trop noble pour recevoir des bienfaits de celui qui fit son malheur et sa perte. Le don de son cœur était le seul prix digne du mien. Il l’a méprisé… je méprise ses richesses. Il a foulé aux pieds tout sentiment d’honneur et de justice… je foule aux