Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/225

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manquer à soi-même, en faisant valoir des droits, que ce n’est qu’en s’abaissant qu’elle pourrait réclamer.

Erman.

N’attribuez, vertueuse Wilhelmine… n’attribuez qu’au sentiment profond de mon admiration un silence que j’eusse rompu cent fois, si, séduit… entraîné par la plus touchante éloquence, j’eusse pu résister au plaisir de vous entendre. Qu’il m’est doux, dans ce moment où je crois voir la vertu même descendre sur la terre et emprunter votre organe ; qu’il m’est doux de pouvoir détruire une erreur qui vous séduit et vous abuse ! Non, charmante Wilhelmine, non, il n’est point coupable, celui qui fut si long-temps et qui est encore l’objet de votre tendresse. Il l’eût été, et aurait mérité votre indignation et vos reproches, si tout autre mouvement que celui de l’humanité… d’une simple compassion, l’eut déterminé dans le don qui vous offense ; s’il eût pu penser qu’en offrant de l’argent il réparait des torts… ah ! il eût mérité alors que son fils, oui, son fils vengeât sur son sang une mère offensée.

Wilhelmine, avec la plus grande émotion.

Son fils… dites-vous !… quel rapport…

Erman.

Ce fut lui, que le ciel, qui ne nous abandonne jamais, choisit pour donner à l’univers entier, l’exemple le plus éclatant de l’amour filial, en mendiant auprès de son père, qu’il ne connaissait