Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/227

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bles motifs de sa conduite vous seront dévoilés… quand ce bandeau qui fascine vos yeux sera levé, vous ferez grâce à un coupable, dont les torts ne furent jamais l’ouvrage de son cœur. Vous vous rappelez sans doute, aimable Wilhelmine, le jour que plein d’un d’amour ardent et sincère, il s’arracha de vos bras, pour suivre le chemin qui l’appelait à la gloire, où votre image fut toujours son égide et sa compagne fidèle. Peu-à-près il s’engagea un combat dans lequel il fut blessé et fait prisonnier ; on le transporta dans un village, dont le seigneur habitait un château attenant. S’étant informé de lui et ayant appris qui il était, il n’eut rien de plus pressé que de le faire transporter dans sa maison, où il le fit soigner pendant sa maladie, qui fut très-longue, avec toute l’attention et les égards dûs à son rang. La fille unique de ce seigneur, jeune, belle et puissamment riche, ayant occasion de le voir fréquemment, prit pour lui des sentimens qui devinrent de jour en jour plus vifs et plus marqués. Le baron ne tarda pas à s’en appercevoir : naturellement sensible, il en fut touché ; et la vanité, l’ambition, se joignant à la reconnaissance, formèrent un lien, dans lequel le cœur ne jouait qu’un rôle très-passif. Aussi ne tarda-t-il point à venger cette offense, et à réclamer ses droits ; et quelque puissante que fut la loi du devoir sur l’âme du baron, elle ne put parvenir à détruire un sentiment que l’ambition, l’illusion de l’amour-propre, n’avait