Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/239

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mais adopté, reçu, me force, quoiqu’il m’en coûte, de renoncer à ma propre félicité.

Erman.

Et Wilhelmine ? Faudra-t-il qu’elle renonce à l’acquit de la dette que vous avez contractée envers elle ? Comment satisferez-vous l’objet qui sacrifia tout pour vous ? Mépriseriez-vous un lien qui unirait la noblesse à tant de vertus ? Et vous a-t-elle jamais donné lieu de penser qu’elle fut indigne du rang où vous aviez promis de la placer ? oui, monsieur, promis ; et ici permettez qu’usant du droit que me donne ma charge, je vous parle en pasteur, aussi-bien qu’en ami. Appelleriez-vous mésalliance, un lien qui vous mettrait en possession d’un objet dont toutes vos richesses, vos grandeurs, ne sauraient payer le prix ? Quand elle vous accorda celui que le plus tendre amour, qu’elle crut, hélas ! trop sincère, lui parut mériter, quelles furent vos promesses, vos sermens ? Qui fut votre témoin ? Et vous pourriez vous prévaloir de vos titres, d’une noblesse insignifiante, pour devenir à-la-fois parjure et faussaire ? Quels sont les avantages que vous offrez en compensation de tant de malheurs, de tant de souffrances et de tant de vertus ? Ah ! rendez grâces au ciel, qui vous accorde en ce moment la liberté et le pouvoir de lui payer le prix que la justice, l’honneur, et le sentiment de votre propre bonheur lui ont assigné. C’est votre main aussi bien que votre cœur qu’il faut à Wilhelmine ; et gémissez de