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Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/240

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n’avoir rien de plus à lui offrir. Par ce don, qui lui est dû, vous faites votre propre félicité, tout autant que la sienne : vous vous réconciliez, non-seulement avec vous-même, mais avec celui que vous avez si grièvement offensé, en sa personne ; avec le ciel, qui reçut vos sermens, qui les garda en dépôt jusqu’à ce jour, et qui ne vous les rendra, que lorsque vous vous serez acquitté vis-à-vis de celle qui en fut l’objet.

Le Baron.

Votre voix, mon ami, a pénétré mon âme. Elle y a reveillé le sentiment de la justice et de l’honneur. Uni à l’amour le plus tendre, je me soumets à son empire, oui, j’épouse Wilhelmine, j’abjure un préjugé fatal à mon bonheur, à mon repos : je veux être heureux, je veux devoir mon bonheur à la vertu.

Erman, l’embrassant.

Ô mon ami ! quel moment pour mon cœur !…

Le Baron.

Où est-elle ? que je la voie ? La voir ! Non pas encore. Je ne m’en sens pas le courage. Que l’homme dominé par le sentiment de la honte et du reproche est faible et pusillanime ! Je sens que je n’aurai pas la force de lever les yeux sur elle. Ce n’est qu’au pied des autels ; ce n’est que lorsque je cesserai d’être coupable que je pourrai l’envisager. Hâtez donc, mon ami, le moment d’une union qui doit assurer mon bonheur, le sien et celui de mon fils.