Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/245

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homme, un peu comme il faut, un homme du monde est par fois sujet à ces sortes de rencontres. On ne fait pas plus d’attention à cela qu’il ne faut, et l’on a cent moyens pour se défaire de ces drôles-là, sans s’en embarrasser ; j’en ai deux, pour ma part, que je destine aux arts mécaniques… oui, aux arts mécaniques. Il n’y a que cela ; quand j’en aurais dix, ils seraient tous menuisiers.

Le Baron.

Et le mien sera gentilhomme. Voilà la différence.

Le Comte, à Amélie.

Mais, mon adorable, vous ne dites rien à tout cela ! C’est votre cause cependant que je plaide. On vous attaque : on cherche à vous nuire : on veut vous écraser, vous, l’unique héritière…

Amélie, se jetant au col de son père.

Ah ! je n’ai rien perdu : il me reste le cœur et l’amour de mon père.

Le Baron, l’embrassant.

Chère enfant ! je n’en attendais pas moins de toi ; tu sauras tout, mon Amélie. (se tournant vers le comte) M. le comte, je commence à craindre en effet, que l’air de ce pays ne vous soit défavorable. Il pourrait être funeste à votre petite santé. Le séjour enchanté, le paradis terrestre, va devenir pour vous un séjour très-froid et très-ennuyeux ; d’ailleurs il doit se passer ici une scène dont la nouveauté pourrait vous causer une crispation de nerfs, nuisible à votre tempérament. Je crains, si vous veniez à en être témoin, que