Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/247

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importune ; tes caresses enfantines dont tu cherchais à me distraire, n’apportaient aucune diversion à mes tristes pensées ; elles restaient sans effet ; inquiète alors sur ma situation, combien de fois ne t’ai-je pas vu prête à m’arracher mon secret, par tes touchantes sollicitations ! mais, le moment n’était point venu, il l’est aujourd’hui. Le ciel satisfait de vingt ans d’épreuves vient de mettre un terme à mes malheurs. Il m’a fait retrouver celle qui fut l’objet de mon premier attachement. Les torts que j’eus avec elle firent pendant long-temps mon supplice, comme le sien ; ils vont être réparés, et je veux goûter enfin, mon Amélie, au sein de ma famille, cette félicité, qui seule procure une âme tranquille et une conscience sans reproches…

Amélie.

Ah ! mon père ! combien vous doublez mon bonheur ! Il ne manquait au mien que de vous savoir heureux, et vous allez l’être.

Le Baron.

Mon enfant, je n’ai jamais douté de ton cœur ; je connais sa bonté, sa sensibilité, son attachement pour moi. Je t’avouerai même que j’ai beaucoup compté sur cet attachement pour l’acquit d’une dette que je ne saurais payer, si tu ne viens à mon secours. Ce n’est pas assez de m’être acquitté envers un objet qui fut, de tout temps, celui de ma tendresse ; d’avoir satisfait il ce que je dois à mon fils, à moi-même ; il