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Page:Kouprine - Sulamite.djvu/126

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108 SULAMITE

-—- Dis—moi, mon roi, demanda-t-e1le,n’est— il pas surprenant, que tout de suite je t’aie aimé? Lorsque j’évoque cette heure, il me semble, qu’av*ant même de t’av0ir aperçu, au seul son de ta voix, j’ai été tienne. Mon cœur, tout palpitant, s’est ouvert à ton ap- proche, telle une fleur épanouie sous la ca- resse légère du vent du sud, pendant une nuit d’été. Comment m’as—tu ainsi charmée, mon bien—aimé ? La tête légèrement penchée vers les ge- noux de son amie, le roi doucement sourit : -—- Des milliers de femmes avant toi,dit—il, ont déjà posé cette question à leurs amants, ô ma sublime amante, et après toi, pendant des centaines de siècles, elles les questionne— ront encore. Il y a en ce monde trois choses qui m’échappent, et une quatrième que je ne puis concevoir. Ce sont : la voie de l`aigle dans le ciel ; celle du serpent sur le rocher, du navire au milieu des flots, et la voie qui mène la femme au cœur de l’homme. Ces paroles ne sont pas miennes, Sulamite. C`est à Agour, fils de Jakée, que nous les devons.