Page:Kouprine - Sulamite.djvu/172

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Salomon ne répondit pas. Son bras droit soutenait la tête de Sulamite ; de son bras gauche, il l'étreignait, et elle sentait sur sa chevelure, sur ses tempes, sur tout son être, l'haleine parfumée du roi.

— Peut-être, bien-aimé, nous y retrouverons-nous après la mort? interrogea Sulamite, anxieuse.

Mais le roi gardait toujours le silence.

— Dis-moi quelque chose, bien—aimé ! insista-t—elle timidement. Alors le roi répondit:

— La vie des hommes est courte, mais le temps est infini et impérissable est la matière. Lorsque l’homme meurt, son corps putréfié sert d’engrais à la terre ; la terre nourrit l’épi, l’épi porte le grain, et l’homme absorbe ce grain afin de nourrir son corps. Des milliers et des milliers de siècles s’écoulent, tout se répète et, semblables en cela aux minéraux, aux plantes et aux bêtes, les hommes aussi se répètent. Dans le tourbillon multiforme des temps et de la substance, nous aussi, ma bien-aimée, nous nous répéterons. Je suis aussi certain de cela que de retrouver