SULAMITE 155 tôt ou tard, dans un sac rempli jusqu'au bord de sable de la mer, le seul précieux saphyr que l’on y aura jeté. Nous nous rencontre- rons, Sulamite, sans nous reconnaître, mais nos cœurs aspireront l’un à l’autre avec an- goisse et ravissement. Car déjà nous nous sommes rencontrés, ma douce, ma belle Su- lamite, mais nous ne nous en souvenons pas... -— Si fait, mon roi I Si, je m’en souviens I Lorsque là—bas, debout devant la fenêtre de ma chambre, tu m’ppelas : « Viens, ma bien- aimée, mes cheveux sont couverts de rosée nocturne », je te reconnus, je me souvins, et mon cœur tressaillit de joie et de terreur. Dis-moi, mon roi, dis-moi, Salomon : si, de- main, je mourais, penserais——tu encore à ta vierge de le vigne, à ta brune Sulamite ? EI; tout ému, le roi, I serrant contre son cœur, murmura 1 — Ne parle pas ainsi! Ne parle jamais ainsi, ô Sulamite I Tu es l’élue de Dieu, tu es la véritable, la souveraine de mon âme, la mort ne te touchera pas I
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