Page:Kouprine - Sulamite.djvu/97

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SULAMITE 79 — Ma sœur dort, je crains de la réveiller. Encore hésitante, elle met ses sandales; sur son corps nu, elle jette une tunique légère, la recouvre d’un voile, et ouvre entin la porte, laissant des traces de myrrhe sur le verrou. Mais il n’y a plus personne dehors, et seule, dans la grise brume matinale, la route blan- chit au milieu des buissons obscurs. Le bien- aimé n’a plus voulu attendre, le voilà loin déjà et le bruit de ses pas s’est évanoui. La lune, diminuée et pâlie, est déjà haute ; à l’orient, au-dessus de la ligne ondoyante des montagnes, le ciel est coloré de ce rose gla- cial qui précède l'aurore. A l’horizon, on voit blanchir les murs et les maisons de Jérusalem. Et dans Fhumidité de la nuit, s’élève la voix de Sulamite 1 -- Mon bien-aimé I Roi de ma vie 3 Me voici. Je t’aLtends... Reviens l Mais personne ne lui répond. Alors Sula- mite se dit : — Je 1n”en vais clone courir sur la route, _j’y rattraperai mon bien-aimé, je le saisirai. Dans les rues de la ville et sur les places, j’irai