Page:Kouprine - Sulamite.djvu/98

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80 SULAMITE chercher celui que mon coeur aime. Oh, que n’es-tu mon frère, allaité aux mamelles de ma mère ! Il m’eût été permis alors de t’embras— ser, lorsque dehors je t’aurais rencontré, et nul, pour cela, ne m’aurait méprisée. Alors, par la main je t’aurais conduit à la maison de ma mère. Là, tu m’aurais instruite en toute chose, et je t’aurais fait boire du jus de mes grenades. Je vous en conjure, filles de Jéru- salem : si vous voyez mon bien—aimé, dites- lui que l’amour m’a blessée ! Ainsi se parle—t—elle et, de ses pas légers et dociles, parcourt l’espace qui la sépare de la ville. A la porte, auprès du mur, deux gar- diens qui viennent de faire la ronde de nuit, se sont assoupis dans la fraîcheur matinale. Ils se réveillent et, tout surpris, regardent la jeune fille qui continue sa course. Etendant les bras, le plus jeune d’entre eux lui barre la route : -—~Attends, attends, la belle I lui crie—|;—il en riant, pourquoi donc es-tu si pressée ? Nous sommes transis par l’humidité nocturne, et toi, tu es toute chaude encore de l’é|;reinte