Page:Kouprine - Sulamite.djvu/99

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SULAMITE 81 de ton amant, chez lequel, en secret, tu viens de passer la nuit. Il serait juste que tu res— tasses un peu avec nous I A son tour, le plus âgé s’est leve et veut embrasser Sulamite. Il ne rit pas, sa respira- tion est courte et sifllante, sa langue passe et repasse sur ses lèvres bleuies. Dans la pâleur de la brume, sa face, défigurée par de grandes cicatrices de lèpre, est terrible à voir. Sa voix est nasillarde et enrouée 1 —~ En vérité, dit—il, en quoi donc ton bien- aimé est—il supérieur aux autres hommes, belle enfant ? Ferme les yeux et tu ne le dis- tingueras pas de moi. Même, je vaux mieux que lui, car j’ai sûrement plus d’expérience! Ils la saisissent par les épaules,par les vête— ments, par la poitrine, mais Sulamite est souple et vigoureuse. Son corps, que l’huile a rendu glissant, leur échappe ; seul reste entre leurs mains le voile qui la recouvrait, et, plus rapide que jamais, Sulamitc fait en sens inverse le chemin qu’ollo vient de parcourir. Elle n’a éprouvé ni crainte, ni indignation, car Seule, la pensée de Salomon la possède. Arri- 6