Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/130

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les fois qu’il veut s’approcher de sa jeune femme, qui est un peu nerveuse, il est obligé d’abord de se couper au bras. Elle suce ensuite le sang de la blessure et alors il se produit chez elle une vive excitation sexuelle.

Ce cas rappelle la légende très répandue des vampires dont l’origine pourrait peut-être se rattacher à des faits sadiques[1].


Dans un second cas de sadisme féminin, qui m’a été communiqué par M. le Dr Moll de Berlin, il y a, à côté de la tendance perverse de l’instinct, insensible aux procédés normaux de la vie sexuelle, comme cela se voit fréquemment, des traces de masochisme.


OBSERVATION 43. – Mme H…, vingt-six ans, est née d’une famille dans laquelle il n’y aurait eu ni maladies de nerfs ni troubles psychiques. Par contre, la malade présente des symptômes d’hystérie et de neurasthénie. Bien que mariée et mère d’un enfant, Mme H… n’a jamais eu le désir d’accomplir le coït. Élevée comme jeune fille dans des principes très sévères, elle resta, jusqu’à son mariage, dans une ignorance naïve des choses sexuelles. Depuis l’âge de quinze ans, elle a des menstrues régulières. Ses parties génitales ne présentent aucune anomalie essentielle. Non seulement le coït ne lui procure aucun plaisir, mais c’est pour elle un acte désagréable. L’aversion pour le coït s’est de plus en plus accentuée chez elle. La malade ne comprend pas comment on peut considérer un pareil acte comme le suprême bonheur de l’amour, sentiment qui, à son avis, est trop élevé pour pouvoir être rattaché à l’instinct sexuel. Il faut rappeler, à ce propos, que la malade aime sincèrement son mari. Elle a beaucoup de plaisir à l’embrasser, un plaisir sur la nature duquel elle ne saurait donner aucune indication précise. Mais elle ne peut pas comprendre que les parties génitales puissent jouer un rôle en amour. Mme H… est, du reste, une femme très sensée, douée d’un caractère féminin.

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  1. Cette légende est répandue surtout dans la presqu’île Balkanique. Chez les Grecs modernes, elle remonte à l’antique mythologie des Lamies, femmes qui suçaient le sang. Goethe a traité ce sujet dans sa Fiancée de Corinthe. Les vers qui ont trait au vampirisme : « Sucent le sang de ton cœur, etc. », ne sont complètement compréhensibles qu’avec l’étude comparée des documents antiques.