Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/300

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comtesse V… Il invoque qu’il a été examiné par la sage-femme qui a constaté son sexe féminin. La comtesse ne se mariera pas, parce qu’elle méprise les hommes. Comme le malade n’obtient pas d’avoir des vêtements de femme ni des souliers à hauts talons, il préfère rester toute la journée au lit ; il se comporte en femme noble et souffrante, fait la douillette, la pudique, demande des bonbons, etc. Autant qu’il peut, il fait de ses cheveux des nattes, il s’arrache les poils de la barbe, et il se fait avec des petits pains un buste de femme.

En 1874[ws 1], il se produit une carie à la jointure du genou gauche, et bientôt s’y ajoute une phtisie pulmonaire. Le malade meurt le 2 décembre 1874. Crâne normal. Le lobe frontal est atrophié, le cerveau anémié. Examen microscopique (Dr Schüle) : sur la couche superficielle du lobe frontal, les cellules ganglionnaires sont légèrement rétrécies ; dans la tunique adventice des vaisseaux beaucoup de granulations graisseuses ; le glia n’est pas changé ; parcelles de pigment et granulations colloïdes isolées. Les couches profondes de l’écorce cérébrale sont normales. Les parties génitales sont très grosses, les testicules petits, flasques ; à la coupe, aucun changement macroscopique.


Ce cas de monomanie de la transformation sexuelle que nous venons de décrire dans ses origines et les diverses phases de son développement, est un phénomène d’une rareté étonnante dans la pathologie de l’esprit humain. En dehors des cas précédents que je dois à mon observation personnelle, j’en ai observé un cas, comme phénomène épisodique, chez une dame invertie, un autre comme phénomène permanent chez une fille atteinte de paranoia primitive, et enfin un autre chez une dame atteinte de paranoia primitive.

Dans la littérature je n’ai pas rencontré d’observations sur la monomanie de la transformation sexuelle, sauf un cas traité brièvement par Arndt dans son Manuel (p. 172), un cas étudié assez superficiellement par Sérieux (Recherches cliniques, p. 33), et les deux cas bien connus d’Esquirol. Nous reproduisons ici sommairement le cas d’Arndt, bien que, pas plus que ceux d’Esquirol, il n’offre aucun renseignement sur la genèse de la monomanie.

  1. La traduction française indique la date de 1877, incompatible avec la date de décès indiquée à la suite. Il s’agit d’une erreur de traduction ou de typographie. Cette date a été corrigée selon l’original allemand.