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de caractère, d’une décence allant jusqu’à la faculté de rougir, elle était, encore jeune fille, la terreur de sa famille. Quandoquidem sola erat cum homine sexus alterius, negligens, utrum infans sit an vir, an senex, utrum pulcher an teter, statim corpus nudavit et vehementer libidines suas satiari rogavit vel vim et manus ei injecit[ws 1]. On essaya de la guérir par le mariage. Maritum quam maxime amavit neque tamen sibi temperare potuit quin a quolibet viro, si solum apprehenderat, seu servo, seu mercenario, seu discipulo coitum exposceret[ws 2].

Rien ne put la guérir de ce penchant. Même lorsqu’elle fut devenue grand’mère, elle resta Messaline. Puerum quondam duodecim annos natum in cubiculum allectum stuprare voluit[ws 3]. Le garçon se défendit et se sauva. Elle reçut une verte correction de son frère. C’était peine perdue. On l’interna dans un couvent. Là, elle fut un modèle de bonne tenue et n’encourut aucun reproche. Aussitôt revenue du couvent, les scandales recommencèrent dans la ville. La famille la chassa et lui servit une petite rente. Elle se mit à travailler et gagnait le nécessaire, ut amantes sibi emere posset[ws 4].

Quiconque aurait vu cette dame, mise proprement, de manières distinguées et agréables, n’aurait pu se douter quels immenses besoins sexuels elle avait encore à l’âge de soixante-cinq ans. Le 17 janvier 1854, sa famille, désespérée par de nouveaux scandales, la fit interner dans une maison de santé. Elle y vécut jusqu’au mois de mai 1858 et y succomba à une apoplexia cerebri à l’âge de soixante-treize ans. Sa conduite, avec la surveillance de l’établissement, était irréprochable. Mais aussitôt qu’on l’abandonnait à elle-même et qu’une occasion favorable se présentait, ses penchants sexuels se faisaient jour, même peu de temps avant sa mort. À l’exception de son anomalie sexuelle, les aliénistes n’ont rien constaté chez elle pendant les quatre années qu’ils la soignèrent.


D. – paresthésie du sens sexuel (perversion sexuelle)

Il se produit dans ce cas un état morbide des sphères de représentation sexuelle avec manifestation de sentiments faisant que des représentations, qui d’habitude doivent provoquer physico-psychologiquement des sensations désagréables, sont au contraire accompagnées de sensations de plaisir. Et

  1. Lorsqu’elle était avec une personne de l’autre sexe, enfant ou homme fait, beau ou laid peu importe, elle offrait son corps et exigeait la satisfaction de ses besoins de luxure ou bien même se jetait de la main sur ses parties viriles
  2. Quoiqu’elle aimât beaucoup son mari, celui-ci ne parvenait pas à tempérer ses ardeurs, pas plus que tout autre homme avec qui elle avait cohabité, qu’il fut fonctionnaire, employé ou étudiant
  3. Une fois, elle attira dans son lit et tenta de jouir d’un enfant de douze ans
  4. pour pouvoir s’acheter des amants