Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/175

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absolument nuisibles. Donc, supprimez-les. Proclamez votre indépendance absolue, et déclarez que vous savez faire vos affaires bien mieux que les messieurs gantés de Paris.

« Vous faut-il une route ? — eh bien, que les habitants les communes voisines s’entendent entre eux, et ils la feront mieux que le ministère des travaux publics. — Un chemin de fer ? Les communes intéressées d’une région entière le feront encore mieux que les entrepreneurs, qui amassent des millions en faisant de mauvaises routes. — Vous faut-il des écoles ? vous les ferez vous-mêmes tout aussi bien, et mieux, que les messieurs de Paris. — L’État n’a rien à voir dans tout cela ; écoles, routes, canaux seront mieux faits par vous-mêmes et avec moins de frais.

« Vous faudra-t-il vous défendre contre des envahisseurs étrangers ? Sachez avant tout vous défendre vous-mêmes et ne confiez jamais ce soin à des généraux qui, certainement, vous trahiront. Sachez que jamais une armée n’a su arrêter un envahisseur et que, par contre, le peuple, le paysan, lorsqu’il avait intérêt à conserver son indépendance, a eu raison des armées les plus formidables.

« Vous faudra-t-il des outils, des machines ? Vous vous entendrez avec les ouvriers des villes qui vous les enverront en échange de vos produits, au prix de revient, sans passer par l’intermédiaire d’un patron qui s’enrichit en volant et l’ouvrier qui fait l’outil, et le paysan qui l’achète.

« Ne craignez pas la force du gouvernement. Ces gouvernements, qui semblent si formidables, croulent sous les premiers chocs du peuple insurgé : on en a assez vu dégringoler en quelques heures, et il est à