Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

élue, c’est le plus malsain des rêves que nous inspire notre éducation autoritaire.

Comme on ne peut pas avoir un bon roi, ni dans Rienzi, ni dans Alexandre III, de même on ne peut pas avoir un bon parlement. L’avenir socialiste est dans une tout autre direction : il ouvrira à l’humanité des voies nouvelles dans l’ordre politique, comme dans l’ordre économique.


IV


C’est surtout en jetant un coup d’œil sur l’histoire du régime représentatif son origine et la manière dont l’institution s’est dénaturée à mesure que se développait l’État, que nous comprendrons que son temps est fait, son rôle fini, et qu’elle doit céder la place à un nouveau mode d’organisation politique.

Ne remontons pas trop loin ; prenons le douzième siècle et l’affranchissement des Communes.

Au sein de la société féodale se produit un grand mouvement libertaire. Les villes s’affranchissent des seigneurs. Leurs habitants « jurent » la défense mutuelle ; ils se constituent indépendants à l’abri de leurs murailles, ils s’organisent pour la production et l’échange, pour l’industrie et le commerce ; ils créent ces cités qui pendant trois ou quatre siècles serviront de refuge au travail libre aux arts, aux sciences, aux idées — qui jetteront les fondements de cette civilisation dont nous nous glorifions aujourd’hui.