Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/212

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Loin d’être d’origine purement romaine, comme l’ont prétendu Raynouard et Lebas en France (suivis par Guizot et, en partie, par Augustin Thierry), Eichhorn, Gaupp et Savigny en Allemagne ; loin d’être d’origine purement germanique, comme l’affirme l’école brillante des « Germanistes », les communes furent un produit naturel du moyen âge et de l’importance toujours croissante des bourgs comme centres de commerce et d’industrie. C’est pourquoi simultanément, en Italie, dans les Flandres, dans les Gaules, en Germanie, dans le monde Scandinave et dans le monde Slave, où l’influence romaine est nulle et l’influence germanique ne compte presque pas, nous voyons s’affirmer à la même époque, c’est-à-dire, aux onzième et douzième siècles, ces cités indépendantes qui rempliront trois siècles de leur vie mouvementée, et plus tard deviendront les éléments constitutifs des États modernes.

Conjurations de bourgeois qui s’arment pour leur défense et se donnent à l’intérieur une organisation indépendante de leurs seigneurs temporels ou ecclésiastiques, aussi bien que du roi — les cités libres fleurissent bientôt derrière leurs remparts ; et quoiqu’elles cherchent à se substituer au seigneur pour la domination des villages elles inspirent ceux-ci du même souffle de liberté. Nus sumes homes cum il sunt. — « Nous sommes des hommes comme eux », chantent bientôt les villageois en faisant un pas de plus vers l’affranchissement des serfs.

« Asiles ouverts à la vie de travail », les cités affranchies se constituent à l’intérieur comme ligues de corporations indépendantes. Chaque corporation a sa juridiction, son administration, sa milice. Chacun est