Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/257

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autre machine du même genre… Mais, que des révolutionnaires socialistes se fassent les apôtres de cette idée — nous ne pouvons l’expliquer qu’en supposant de deux choses l’une. Ou bien, ceux qui l’acceptent sont imbus de préjugés bourgeois qu’ils ont puisés, sans s’en rendre compte, dans la littérature et surtout dans l’histoire faite à l’usage de la bourgeoisie par les bourgeois ; et, pénétrés encore de l’esprit de servilisme, produit des siècles d’esclavage, ils ne peuvent pas même s’imaginer libres. Ou bien, ils ne veulent point de cette Révolution dont ils ont toujours le nom sur les lèvres : ils se contenteraient d’un simple replâtrage des institutions actuelles, à condition qu’on les portât au pouvoir, quitte à voir plus tard ce qu’il faudra faire pour tranquilliser « la bête », c’est-à-dire, le peuple. Ils n’en veulent aux gouvernants du jour que pour prendre leur place. Avec ceux-ci, nous n’avons pas à raisonner. Nous ne parlerons donc qu’à ceux qui se trompent sincèrement.

Commençons par la première des deux formes de « gouvernement révolutionnaire » qu’on préconise — le gouvernement élu.




Le pouvoir royal ou autre est renversé, l’armée des défenseurs du Capital est en déroute ; partout la fermentation, la discussion de la chose publique, le désir de marcher de l’avant. Les idées nouvelles surgissent, la nécessité de changements sérieux est comprise, — il faut agir, il faut commencer sans pitié l’œuvre de démolition, afin de déblayer le terrain pour la vie nouvelle. Mais, que nous propose-t-on de