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III


S’imaginer que le gouvernement puisse être renversé par une société secrète, et que cette société puisse s’implanter à sa place, — c’est une erreur dans laquelle sont tombées toutes les organisations révolutionnaires nées au sein de la bourgeoisie républicaine depuis 1820. Mais d’autres faits abondent pour mettre cette erreur en évidence. Quel dévouement, quelle abnégation, quelle persévérance n’a-t-on pas vu déployer par les sociétés secrètes républicaines de la Jeune Italie — et cependant tout ce travail immense, tous ces sacrifices faits par la jeunesse italienne, devant lesquels pâlissent même ceux de la jeunesse révolutionnaire russe, tous ces cadavres entassés dans les casemates des forteresses autrichiennes et sous le couteau et les balles du bourreau, — tout cela eut pour héritiers les malins de la bourgeoisie et la royauté.

Il en est de même en Russie. Il est rare de trouver dans l’histoire une organisation secrète qui ait obtenue, avec aussi peu de moyens, des résultats aussi immenses que ceux atteints par la jeunesse russe, qui ait fait preuve d’une énergie et d’une action aussi puissante que le Comité Exécutif. Il a ébranlé ce colosse qui semblait invulnérable — le tsarisme ; et il a rendu le gouvernement autocrate désormais impos-