sible en Russie. Et cependant, bien naïfs sont ceux qui s’imagineraient que le Comité Exécutif deviendra maître du pouvoir le jour où la couronne d’Alexandre III sera traînée dans la boue. D’autres, — les prudents qui travaillaient à se faire un nom pendant que les révolutionnaires creusaient leurs mines, ou périssaient en Sibérie, — d’autres, — les intrigants, les parleurs, les avocats, les littérateurs qui versent de temps en temps une larme bien vite essuyée sur la tombe des héros et posent pour amis du peuple, — voilà ceux qui viendront prendre la place vacante du gouvernement et crieront Arrière ! aux « inconnus » qui auront préparé la révolution.
C’est inévitable, c’est fatal, et il ne peut pas en être autrement. Car ce ne sont pas les sociétés secrètes, ni même les organisations révolutionnaires, qui portent le coup de grâce aux gouvernements. Leur fonction, leur mission historique, c’est de préparer les esprits à la révolution. Et lorsque les esprits sont préparés, — les circonstances extérieures aidant, — la dernière poussée vient, non pas du groupe initiateur, mais de la masse restée en dehors des ramifications de la société. Le 31 août, Paris reste muet aux appels de Blanqui. Quatre jours plus tard, il proclame la déchéance du gouvernement ; mais alors, ce ne sont plus les Blanquistes qui sont les initiateurs du mouvement : c’est le peuple, les millions, qui détrônent le Décembriseur, et acclament les farceurs dont les noms ont résonné depuis deux ans à leurs oreilles. Lorsque la révolution est prête à éclater,