Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/334

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pas trop onéreuses, si elles lui permettent de mettre quelque chose de côté pour améliorer sa culture, ou s’il possède quelque capital roulant, fait encore un pas de plus dans la voie des améliorations. Et enfin le paysan propriétaire, s’il n’est pas criblé de dettes par l’achat de son lopin, s’il peut créer un fonds de réserve, cultive encore mieux que le serf, le métayer, le fermier parce qu’il sait qu’à part les impôts et la part de lion du créancier, ce qu’il retirera de la terre par un rude labeur lui appartiendra.

Mais que peut-on conclure de ces faits ? — Rien, sinon que personne n’aime travailler pour autrui et que jamais la terre ne sera bien cultivée si le cultivateur sait que d’une manière ou d’une autre le plus clair de sa moisson sera dévoré par un fainéant quelconque — qu’il soit seigneur, bourgeois, ou créancier — ou par les impôts de l’État. Quant à trouver dans ces faits le moindre terme de comparaison entre la propriété individuelle et la possession collective, il faut être très disposé à tirer des conclusions de faits qui n’en contiennent même pas les éléments.




Il y a cependant autre chose à déduire de ces faits.

Le travail du métayer, du fermier dont nous parlons, et surtout celui du petit propriétaire est plus intense que celui du serf ou de l’esclave. Et cependant, ni sous le système du métayage, ni sous celui du fermage, ni même sous celui de la petite propriété, l’agriculture ne prospère. On pouvait croire, il y a un demi-siècle, que la solution de la question agraire était trouvée dans la petite propriété foncière, car vrai-