Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/37

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Poser ces questions, c’est les résoudre. — Évidemment non.

Pouvons-nous croire que les paysans irlandais et anglais, s’ils entrevoient la possibilité de s’emparer du sol qu’ils convoitent depuis tant de siècles et de chasser les seigneurs qu’ils détestent si cordialement, ne profiteront pas de la première conflagration pour chercher à réaliser leurs vœux ?




Pouvons-nous croire que la France, lors d’un nouveau 1848 européen, se bornera à renvoyer le Gambetta du jour pour le remplacer par M. Clemenceau, et ne cherchera pas à voir ce que la Commune peut faire pour améliorer le sort des travailleurs ? Que le paysan français, voyant le pouvoir central désorganisé, ne cherchera pas à s’emparer des prés veloutés, de ses voisines les saintes sœurs, ainsi que des champs féconds des gros bourgeois qui, étant venus les uns et les autres s’établir à ses côtés, n’ont cessé d’arrondir leurs propriétés ? Qu’il ne se rangera pas du côté de ceux qui lui offriront leur appui pour réaliser son rêve de travail assuré et bien récompensé ?

Et croit-on que le paysan italien, espagnol, slave, n’en fera pas autant ?

Pense-t-on que les mineurs, las de leur misère, de leurs souffrances et des massacres à coups de grisou, — qu’ils supportent encore, sous les yeux de la troupe, mais en murmurant, — ne chercheront pas à éliminer les propriétaires des mines, si un jour ils s’aperçoivent que la troupe désorganisée met de la mauvaise volonté à obéir à ses chefs ?