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faits encore aujourd’hui dans le çof des Kabyles[1] : les Kabyles ont leur commune du village ; mais cette association ne suffit pas pour tous les besoins d’union, politiques, commerciaux et personnels, aussi constituent-ils la fraternité plus étroite du çof.

Quant aux caractères sociaux des guildes du moyen âge, n’importe quel statut de guilde peut en donner une idée. Prenons par exemple le skraa de quelque guilde primitive danoise : nous y lisons d’abord un exposé des sentiments de fraternité générale qui doivent régner dans la guilde ; puis viennent les réglementations relatives à l’auto-juridiction en cas de querelles s’élevant entre deux frères, ou entre un frère et un étranger ; puis les devoirs sociaux des frères sont énumérés. Si la maison d’un frère est brûlée, ou s’il a perdu son navire, ou s’il a souffert durant un pèlerinage, tous les frères doivent venir à son aide. Si un frère tombe dangereusement malade, deux frères doivent veiller auprès de son lit jusqu’à ce qu’il soit hors de danger, et s’il meurt, les frères doivent l’enterrer — grande affaire dans ces temps d’épidémies — et l’accompagner à l’église et à sa tombe. Après sa mort ils doivent pourvoir ses enfants s’ils sont dans le besoin ; très souvent la veuve devient une « sœur » de la guilde[2].

Ces deux traits principaux se rencontrent dans toute fraternité formée dans n’importe quel but. Toujours les membres se traitaient comme des frères, et se donnaient les noms de frère et sœur[3]  ; tous étaient

  1. Voir le chapitre précédent.
  2. Kofod Ancher, Om gamle Danske Gilder og deres Under-gang, Copenhague, 1785. Statuts d’une Knu guilde.
  3. Sur la situation des femmes dans les guildes, voir les remarques de l’introduction de Miss Toulmin Smith à l’ouvrage de son père, English Guilds. Un des statuts de Cambridge (p. 281) de l’année 1503 est formel dans la phrase suivante : « Thys statute is made by the comyne assent of all the bretherne and sisterne