Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/225

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sciences naturelles en cueillant les fleurs et pêchant à la mer ; — la physique en fabriquant le bateau sur lequel il ira pêcher. — Mais, de grâce, n’emplissez son cerveau de phrases et de langues mortes. N’en faites pas un paresseux ! »


Tel enfant n’a pas des habitudes d’ordre et de régularité. Laissez les enfants se les inculquer entre eux. Plus tard, le laboratoire et l’usine, le travail sur un espace resserré, avec beaucoup d’outils à manœuvrer, donneront la méthode. N’en faites pas vous-mêmes des êtres désordonnés, par votre école qui n’a d’ordre que dans la symétrie de ses bancs, mais qui, — véritable image du chaos dans ses enseignements, — n’inspirera jamais à personne l’amour de l’harmonie, de la suite et de la méthode dans le travail.


Ne voyez-vous donc pas qu’avec vos méthodes d’enseignement, élaborées par un ministère pour huit millions d’écoliers qui représentent huit millions de capacités différentes, vous ne faites qu’imposer un système bon pour des médiocrités, imaginé par une moyenne de médiocrités. Votre école devient une université de la paresse, comme votre prison est une université du crime. Rendez donc l’école libre, abolissez vos grades universitaires, faites appel aux volontaires de l’enseignement, — commencez par là, au lieu d’édicter contre la paresse des lois qui ne feront que l’enrégimenter.


Donnez à l’ouvrier qui ne peut s’astreindre à fabriquer une minuscule partie d’un article quelconque, qui étouffe auprès d’une petite machine à tarauder qu’il finit par haïr, donnez-lui la possibilité de tra-