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et c’est ce que fit l’Assemblée sept mois plus tard. En février 1790, elle rendit le rachat absolument inacceptable au paysan, en lui imposant le rachat solidaire des rentes foncières. M. Sagnac a fait remarquer (p. 90 de son excellent ouvrage) que Demeunier avait déjà proposé dès le 6 ou 7 août une mesure de ce genre. Et l’Assemblée, nous allons le voir, fit en février une loi d’après laquelle il devint impossible de racheter les redevances attachées à la terre, sans racheter en même temps, dans le même bloc, les servitudes personnelles, abolies cependant dès le 5 août 1789.

Entraînés par l’enthousiasme avec lequel Paris et la France reçurent la nouvelle de cette séance de la nuit du 4 août, les historiens n’ont pas fait ressortir suffisamment l’étendue des restrictions que l’Assemblée mit au premier paragraphe de son arrêté dans ses séances ultérieures, du 5 au 11 août. Même Louis Blanc, qui fournit cependant, dans son chapitre, « La propriété devant la Révolution » (Livre II, chap. I), les données nécessaires pour apprécier la teneur des arrêtés d’août, semble hésiter à détruire la belle légende et il glisse sur les restrictions, ou bien cherche même à les excuser en disant que « la logique des faits dans l’histoire n’est pas aussi rapide, bien loin de là, que celle des idées dans la tête d’un penseur. » Mais le fait est que ce vague, ces doutes, ces hésitations que l’Assemblée jeta aux paysans, alors qu’ils demandaient des mesures nettes, précises, pour abolir les vieux abus, devint la cause des luttes terribles qui se produisirent pendant les quatre années suivantes. Ce ne fut qu’après l’expulsion des Girondins que la question des droits féodaux fut reprise