Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/189

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lement du clergé et de la noblesse. De ce jour commença l’agitation souterraine qui fut fomentée, sans relâche et avec une ardeur toujours croissante, contre la Révolution. L’Assemblée croyait sauvegarder les droits de la propriété foncière. En temps ordinaire, une loi de ce genre eût même atteint ce but. Mais ceux qui étaient sur les lieux comprirent que la nuit du 4 août avait porté un coup de massue à tous les droits féodaux, et que les arrêtés d’août en dépouillaient les seigneurs, alors même qu’ils en imposaient le rachat. Tout l’ensemble de ces arrêtés, y compris l’abolition des dîmes, du droit de chasse et d’autres privilèges, indiquait au peuple que les intérêts du peuple sont supérieurs aux droits de propriété acquis dans le courant de l’histoire. Ils contenaient la condamnation, au nom de la justice, de tous les privilèges hérités du féodalisme. Et rien ne put désormais réhabiliter ces droits dans l’esprit du paysan.

Le paysan comprit que ces droits étaient condamnés, et il se garda bien de les racheter. Il cessa tout bonnement de les payer. Mais l’Assemblée, n’ayant eu le courage, ni d’abolir entièrement les droits féodaux, ni d’en établir un mode de rachat acceptable pour les paysans, – créa par cela même les conditions équivoques qui allaient produire la guerre civile dans toute la France. D’une part, les paysans comprirent qu’il ne fallait rien racheter, ni rien payer : qu’il fallait continuer la Révolution afin d’abolir les droits féodaux sans rachat. D’autre part, les riches comprirent que les arrêtés d’août ne disaient rien, qu’il n’y avait encore rien de fait, sauf pour les mainmortes et les droits de chasse