Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/231

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acharnés de la Révolution, vont tout remuer pour faire au régime constitutionnel et plus tard à la République tout le tort possible et imaginable.

Mais la bourgeoisie, instruite par les encyclopédistes d’une part, hantée d’autre part par l’inéluctabilité de la banqueroute, ne se laissa pas effrayer. Lorsque l’immense majorité du clergé, et surtout les ordres monastiques se mirent à intriguer contre l’expropriation des biens du clergé, – l’Assemblée vota, le 12 février 1790, la suppression des vœux perpétuels et des ordres monastiques de l’un et de l’autre sexe. Elle eut seulement la faiblesse de ne pas toucher, pour le moment, aux congrégations chargées de l’instruction publique et du soulagement des malades. elles ne furent abolies que le 18 août 1792, après la prise des Tuileries.

On comprend les haines que ces décrets suscitèrent au sein du clergé, ainsi que chez tous ceux – et leur nombre était immense en province – sur lesquels le clergé avait prise ! Cependant, tant que le clergé et les ordres espéraient encore retenir la gestion de leurs immenses propriétés, qui ne seraient alors considérées que comme une hypothèque aux emprunts de l’État, ils ne montrèrent pas toute leur hostilité. Mais cette situation ne pouvait pas durer. Le Trésor était vide, les impôts ne rentraient pas. Un emprunt de 30 millions, voté le 9 août 1789, n’avait pas réussi ; un autre, de 80 millions, voté le 27 du même mois, donna beaucoup trop peu. enfin, une contribution extraordinaire du quart du revenu, avait été votée le 26 septembre, après un discours célèbre de Mirabeau. Mais cet impôt fut immédiatement englouti dans le gouffre des intérêts sur les emprunts anciens, et alors