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peuple, et en août 1792, après la chute de la royauté, l’Assemblée fera les premiers pas décisifs contre les droits féodaux. Et enfin, ce ne sera qu’en juillet 1793, après l’expulsion des Girondins, que l’abolition définitive, sans rachat, des droits féodaux sera prononcée.

Voilà le vrai tableau de la Révolution.


Une autre question, d’une portée immense pour les paysans, était évidemment celle des terres communales. Partout (dans l’Est, le Nord-Est, le Sud-Est) où les paysans se sentaient la force de le faire, ils cherchaient à rentrer en possession des terres communales, dont une immense partie leur avait été enlevée par la fraude, ou sous prétexte de dettes, avec l’aide de l’État, — surtout depuis le règne de Louis XIV (décret de 1669). Seigneurs, clergé, moines, bourgeois du village et des villes — tous en avaient eu leur part.

Cependant il restait encore beaucoup de ces terres en possession communale, et les bourgeois des alentours les convoitaient avec avidité. Aussi l’Assemblée Législative s’empressa-t-elle de faire une loi (le 1er août 1791) qui autorisa la vente des terres communales aux particuliers. C’était donner carte blanche pour le pillage de ces terres.

Les assemblées des communes villageoises étaient composées alors, en vertu de la nouvelle loi municipale votée par l’Assemblée Nationale, en décembre 1789), exclusivement de quelques députés, élus parmi les riches bourgeois du village, par les citoyens actifs