Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/363

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dans ce sens.

Pétion était même venu, le 4 août, exposer ce vœu des sections à la barre de l’Assemblée. Quant aux politiciens de l’Assemblée nationale, ils ne se rendaient nullement compte de la gravité de la situation ; et alors que dans des lettres, écrites de Paris (par madame Jullien) le 7 et 8 août, on lit ceci : « Il se prépare un orage terrible sur l’horizon », « dans ce moment, l’horizon se charge de vapeurs qui doivent produire une explosion terrible », — l’Assemblée, dans sa séance du huit, prononçait l’absolution de Lafayette, comme si aucun mouvement de haine contre la royauté ne s’était produit.

Pendant ce temps-là, le peuple de Paris se préparait à une bataille décisive. Cependant, les comités insurrectionnels avaient le bon sens de ne pas fixer d’avance une date au soulèvement. Ils se bornaient à sonder l’état variable des esprits, en essayant de le relever, et ils guettaient le moment où l’on pourrait lancer l’appel aux armes. Ainsi on essaya, paraît-il, de provoquer un mouvement le 26 juin, à la suite d’un banquet populaire donné sur les ruines de la Bastille, et auquel tout le faubourg avait pris part, en apportant tables et provisions (Mortimer Ternaux, Terreur, II, 130). On essaya un autre soulèvement le 30 juillet, mais il ne réussit pas, non plus.

Les préparatifs à l’insurrection, mal secondés par les « chefs d’opinion » politiques, auraient peut-être traîné en longueur ; mais les complots de la Cour vinrent précipiter les événements. Avec l’aide des courtisans qui juraient de mourir pour le roi, avec quelques bataillons de garde nationale restés fidèles à la Cour, et les Suisses, les