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Tel était ce maximum tant décrié[1]. Une nécessité du moment, dont les royalistes et les Girondins faisaient un crime aux Montagnards. Crime d’autant plus impardonnable que ceux-ci, d’accord avec le peuple, demandaient que non seulement les blés, mais aussi le pain cuit, ainsi que divers objets de première et de seconde nécessité, fussent taxés. Si la société se chargeait de protéger la vie du citoyen, ne lui devait-elle pas, disaient-ils avec raison, de le protéger contre ceux qui attentaient à sa vie en faisant des coalitions pour le priver de ce qui est d’absolue nécessité pour la vie ?

La lutte fut cependant très vive sur ce sujet — les Girondins et nombre de Montagnards étant absolument opposés à l’idée d’une taxation des denrées, qu’ils trouvaient « impolitique, impraticable et dangereuse »[2]. Mais l’opinion publique l’emporta et, le 29 septembre 1793, la Convention décida d’établir un maximum pour les prix des choses de première et de seconde nécessité : la viande, le bétail, le lard, le beurre, l’huile douce, le poisson, le vinaigre, l’eau-de-vie, la bière.

Cette solution était si naturelle que la question de savoir s’il ne fallait pas défendre l’exportation des grains, créer des greniers pour la consommation et établir un maximum des prix pour les blés et les viandes,

  1. On pense quelquefois qu’il serait aisé à une Révolution de faire des économies sur l’administration en réduisant le nombre des fonctionnaires. Ce n’était certainement pas le cas pour la Révolution de 1789-1793 qui étendait chaque année les attributions de l’État : instruction, juges payés par l’État, administration payée par les contribuables, une immense armée, etc.
  2. Voyez la collection : Bibliothèque historique de la Révolution du British Museum qui contient les brochures sur les Subsistances dans les volumes 473, 474, 475.