Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/672

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opposa avec force. Il ne fallait pas frapper, disait-il, les soldats : il suffisait de frapper les chefs. Appuyé à la fois par la droite et par les Jacobins, il obtint ce qu’il voulait de la Convention, et il apparut ainsi avec l’auréole d’une force pondératrice, capable de dominer et la Convention et les Comités.

Encore quelques jours, et son ami Saint-Just lisait déjà à la Convention un rapport où, après s’être plaint de la corruption, de la tyrannie, de la nouvelle bureaucratie, et visant déjà la Commune de Paris, Chaumette et son parti, il concluait en demandant « le gouvernement révolutionnaire jusqu’à la paix. »

La Convention accepta ses conclusions. Le gouvernement central était constitué.


Pendant que ces luttes se déroulaient à Paris, la situation militaire se présentait sous un jour d’une tristesse effroyable. Au mois d’août une levée générale avait été ordonnée, et Danton, retrouvant son énergie et sa compréhension du génie populaire, développa la superbe idée de confier tout l’enrôlement, non pas à la bureaucratie révolutionnaire, mais aux huit mille fédérés, qui avaient été envoyés à Paris par les assemblées primaires pour signifier l’acceptation de la constitution. Ce plan fut adopté le 25 août.

Cependant, comme une moitié de la France ne voulait pas de la guerre, la levée se faisait très lentement ; les armes et les munitions manquaient.

Ce fut d’abord une série de revers en août et septembre. Toulon était aux mains des Anglais, Marseille et la Provence — en révolte contre la Convention ; le siège