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réussir, après quoi (11 juillet) Marie-Antoinette fut séparée d’abord de son fils, qui fut placé sous la garde du cordonnier Simon, puis transférée (le 8 août) à la Conciergerie. Mais les tentatives de l’enlever continuaient, et un chevalier de Saint-Louis, Rougeville, pénétra même jusqu’auprès d’elle, tandis que Bault, devenu son concierge, entretenait des relations au dehors. Et chaque fois qu’un plan de libération de la reine était préparé, les royalistes s’agitaient et promettaient un coup d’État et l’égorgement prochain de la Convention et des patriotes en général.

Il est probable que la Convention n’eût pas attendu jusqu’en octobre pour mettre Marie-Antoinette en jugement, si l’on n’avait pas eu l’espoir d’arrêter l’invasion des rois coalisés, à condition de mettre la reine en liberté. On sait même que le Comité de salut public avait donné (en juillet) des instructions dans ce sens à ses commissaires, Semonville et Maret, qui furent arrêtés en Italie par le gouverneur de Milan, et l’on sait aussi que les pourparlers continuèrent pour la mise en liberté de la fille du roi.

Les efforts de Marie-Antoinette pour appeler en France l’invasion allemande, et ses trahisons pour faciliter les conquêtes de l’ennemi sont trop bien démontrés, maintenant que l’on connaît sa correspondance avec Fersen, pour qu’il vaille la peine de réfuter les fables de ses défenseurs modernes, qui veulent en faire presqu’une sainte. L’opinion publique ne se trompait pas en 1793, lorsqu’elle accusait la fille de Marie-Thérèse d’être encore plus coupable que Louis XVI. Le 16 octobre, elle périt sur l’échafaud.