Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/702

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de la fraction girondine, qui servirait de marche-pied à la réaction. L’apparition du troisième numéro du Vieux Cordelier, dans lequel Desmoulins, sous des formes empruntées à l’histoire romaine, dénonçait tout le gouvernement révolutionnaire, aida aussi à démasquer les intrigues, puisque tout ce qu’il y avait de contre-révolutionnaire à Paris relevait soudain la tête à la lecture de ce numéro, annonçant, à qui voulait entendre, la fin prochaine de la Révolution.

Les Cordeliers se rangèrent immédiatement du côté des hébertistes, mais ils ne surent trouver d’autre raison pour en appeler au peuple, que la nécessité de sévir davantage contre les ennemis de la Révolution. Eux aussi, ils identifiaient la Révolution avec la Terreur. Ils promenèrent la tête de Chalier dans Paris et se mirent à pousser le peuple vers un nouveau 31 mai, afin de provoquer une nouvelle « épuration » de la Convention, en en éloignant « les hommes usés et les jambes cassées ». Mais quant à savoir ce qu’ils feraient, s’ils arrivaient au pouvoir, quelle direction ils donneraient à la Révolution, — cela ne se voyait pas.

Une fois que la lutte fut engagée dans ces conditions, il fut facile au Comité de salut public de parer le coup. Il ne repoussait nullement la Terreur. En effet, le 5 nivôse (25 décembre) Robespierre fit son rapport sur le gouvernement révolutionnaire, et si la substance de ce rapport était la nécessité de maintenir l’équilibre entre les partis trop avancés et les partis trop modérés, — sa conclusion était la mort aux ennemis du peuple. Le lendemain il demandait l’accélération des jugements du tribunal révolutionnaire.