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étaient divisées, dit Louis Blanc, leurs Comités civils ne s’accordant pas avec les Comités révolutionnaires et les assemblées générales. Les quatorze sections qui obéirent d’abord à la Commune ne faisaient rien, et dix-huit sections, dont six avoisinaient l’Hôtel de Ville, lui étaient hostiles. Les hommes de la section de Jacques Roux, les Gravilliers, firent même le principal noyau d’une des deux colonnes qui marchèrent, sur l’ordre de la Convention, contre l’Hôtel de Ville[1].

La Convention, entre temps, mettait les insurgés et la Commune « hors la loi », et lorsque ce décret fut lu place de Grève, les canonniers de Hanriot, postés sur cette place sans rien faire, s’en allèrent un à un. La place resta déserte et l’Hôtel de Ville fut bientôt envahi par la colonne des Gravilliers et des Arcis. Alors un jeune gendarme, qui pénétra le premier dans la salle où Robes-

  1. Les sections, dit M. Ernest Mellié, « ne conduisaient plus, mais suivaient docilement leurs Comités, dont les membres ne dépendaient que des Comités de salut public et de sûreté centrale de la Convention. La politique se faisait en dehors d’elles… On en vint même à leur défendre de s’intituler assemblées primaires : le 20 floréal an II (9 mai 1794), une lettre de l’agent national de la Commune (Payan, par lequel on avait remplacé Chaumette) les prévint que, sous un gouvernement révolutionnaire, il n’y avait point d’assemblées primaires… C’était leur rappeler que l’abdication était complète » (pp. 151, 152). Après avoir raconté les « épurations » consécutives que les sections subissaient pour se faire accepter par les Jacobins (p.153), M. Mellié conclut par ces mots : « Michelet a donc raison de dire qu’à cette époque les assemblées des sections étaient mortes et que tout le pouvoir était passé à leurs Comités révolutionnaires, qui, eux-mêmes nommés par l’autorité, n’avaient pas grande vie non plus » (pp. 154, 155). – Au 9 thermidor (Ernest Mellié en a trouvé la preuve aux Archives) dans presque toutes les sections, les Comités révolutionnaires étaient réunis pour attendre les ordres du gouvernement (p. 169). On ne s’étonnera pas que les sections n’aient point bougé contre les thermidoriens.