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venant de la classe moyenne, pullulaient, et la guillotine fonctionnait de nouveau — cette fois-ci au bénéfice de la réaction. Du 9 thermidor au 1er prairial, en moins de dix mois, 73 représentants montagnards furent condamnés à mort ou décrétés d’arrestation, tandis que les 73 Girondins rentraient à la Convention.

C’était maintenant le tour des vrais « hommes d’État ». Le maximum fut bientôt aboli, ce qui produisit une crise violente, durant laquelle l’agiotage et la spéculation atteignirent des proportions gigantesques. La bourgeoisie faisait la fête — comme elle la fit, plus tard, après juin 1818 et mai 1871. La jeunesse dorée, organisée par Fréron, dominait Paris, tandis que les travailleurs, voyant la Révolution vaincue, étaient rentrés dans leurs taudis, en discutant les chances de la prochaine commotion.

Ils essayèrent un soulèvement le 12 germinal an III (1er avril 1795) et le 1er prairial (20 mai), en demandant du pain et la Constitution de 1793. Les faubourgs se soulevèrent cette fois-ci avec entrain. Mais la force bourgeoise avait eu le temps de s’organiser. Les « derniers Montagnards » — Romme, Bourbotte, Duroy, Soubrany, Goujon et Duquesnoy, furent condamnés à mort par une commission militaire — le tribunal révolutionnaire avait été aboli — et exécutés.

Désormais, la bourgeoisie était seule maîtresse de la Révolution et la phase descendante continuait. La réaction devenait bientôt franchement royaliste. La troupe dorée ne se cachait plus : elle portait ouvertement l’habit gris, à collet vert ou noir, des chouans, et frappait tous ceux qu’elle appelait « terroristes », c’est-à-dire