Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/92

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renverser le trône, la bourgeoisie cherchait déjà à s’en faire un abri. Renié par la noblesse, ce fut au sein des Communes, un instant si raides, que Louis XVI compta ses serviteurs les plus fidèles et les plus alarmés. Il cessait d’être le roi des gentilshommes, il devenait le roi des propriétaires. »

Ce vice primordial de la Révolution pèsera sur elle — nous allons le voir — tout le temps, jusqu’à la réaction.

Mais la misère grandissait de jour en jour dans la capitale. Necker avait bien pris des mesures pour parer aux dangers d’une disette. Il avait suspendu, le 7 septembre 1788, l’exportation des blés et il protégeait l’importation par des primes ; soixante-dix millions furent dépensés pour acheter des blés à l’étranger. Il donnait en même temps une grande publicité à l’arrêt du Conseil du roi, du 23 avril 1789, qui permettait aux juges et aux officiers de police de visiter les greniers des particuliers, d’inventorier leurs grains, et d’envoyer, en cas de nécessité, ces grains au marché. Mais l’exécution de ces mesures était confiée aux vieilles autorités – et c’est tout dire ! Maintenant, le gouvernement donnait des primes à ceux qui apportaient du blé à Paris ; mais le blé importé était réexporté en cachette, pour être réimporté pour toucher la prime une seconde fois. Dans les provinces, les accapareurs achetaient le blé en vue de ces spéculations : on achetait même sur pied la prochaine récolte.

C’est alors qu’apparut le vrai caractère de l’Assemblée nationale. Elle avait été admirable, sans doute, lors du serment du Jeu de Paume, mais elle resta bourgeoise, avant tout, envers le peuple. Le 4 juillet, sur la pré-