Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/357

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respondants de Guernesey. Et ce n'est pas tout.

L'agriculture a tant besoin du secours de ceux qui habitent les villes, que chaque été on voit des milliers d'hommes quitter leurs galetas et aller faire la moisson à la campagne. Les miséreux de Londres vont par milliers dans le Sussex ou le comté de Kent pour faire les foins ou cueillir le houblon, ce dernier comté à lui seul exigeant, estime-t-on, 80.000 hommes et femmes de plus pour faire cette cueillette. En France, des villages entiers sont abandonnés en été, avec toutes leurs industries domestiques, et les paysans s'en vont vers les parties les plus fertiles de la région. Des centaines de milliers d'êtres humains sont transportés chaque été dans les prairies du Manitoba et du Dakota. Chaque été, des milliers et des milliers de Polonais se répandent, pour y faire la moisson, par les plaines de la Prusse, du Mecklembourg, de la Westphalie, de la France même, dont les populations agricoles ont émigré vers les villes industrielles. Et en Russie, il y a chaque année un exode de plusieurs millions d'hommes, venus du nord jusqu'aux prairies du Sud, pour y faire la moisson, tandis qu'à Saint-Pétersbourg beaucoup d'industriels ralentissent leur production en été parce que les ouvriers retournent à leurs villages natals pour y cultiver leurs terres.

L'agriculture ne peut se passer de l'aide de ces ouvriers supplémentaires pendant la saison