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Page:Krudener - Valerie.djvu/152

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pensois à Valérie autrement qu’avec la plus profonde vénération ! Qu’elle est touchante cette lettre ! qu’elle est belle l’âme de Valérie, de celle qui daigne être ma sœur, mon amie ! et qu’il seroit lâche celui dont la passion ne s’arrêteroit respectueusement devant cet ange qui ne semble vivre que pour la vertu et la tendresse maternelle !




LETTRE XXXIII


Venise, le…

J’ai repris ma santé ; au moins, je suis mieux. Je m’occupe de mes devoirs, et mes jours ne se passent pas sans que je ne compte même de grands plaisirs. Chaque matin je visite le tableau ; je me remplis de cette douce contemplation ; je retrouve Valérie : il me semble, dans ces heures d’amour et de superstition, qu’elle me voit, qu’elle m’ordonne de ne pas me livrer à une honteuse oisiveté, à un lâche découragement, et je travaille. Cette maison, qui me paroissoit si triste depuis qu’elle est partie, est redevenue une habitation délicieuse depuis que je suis souvent dans le salon jaune ; la ressemblance du portrait est frappante : ce sont absolument ses traits, c’est l’expression de son âme, ce sont ses formes. Il m’arrive quelquefois de lui parler, de lui rendre compte de ce que