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Page:Krudener - Valerie.djvu/154

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l’abîme de l’oubli, ne faut-il pas chercher à acquérir des forces ? Si je faisois chaque jour seulement un pas, si je pouvois m’habituer à la chérir tranquillement !… Oui, je te le promets, Ernest, je le ferai ce pas, qui, en m’éloignant d’elle, m’en rapprochera et me rendra digne de son estime et de la tienne.





LETTRE XXXIV


ERNEST À GUSTAVE
H., le 26 janvier.

Je suis en Scanie, cher Gustave ; j’ai quitté Stockholm, et, pour retourner chez moi, j’ai passé par tes domaines. J’ai fait le voyage avec l’extrême vitesse que permet la saison ; mon traîneau a volé sur les neiges. Hélas ! pourquoi ce mouvement si rapide ne me rapprochoit-il pas de toi ? Depuis près de deux mois j’ignore ce que tu fais, et cela ajoute encore aux chagrins de l’absence. Je sais d’ailleurs combien le départ de Valérie t’a affligé. Pauvre ami ! que fais-tu ? Hélas ! je le demande en vain à la nature engourdie autour de moi ; mon cœur même, mon cœur si brûlant d’amitié, ne me répond pas quand je l’interroge sur ton sort : il