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Page:Krudener - Valerie.djvu/36

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m’environnoient. Tantôt je voyois les scènes terribles qui avoient offert au génie de Shakespeare les effrayantes beautés de Hamlet ; tantôt les images plus douces de la vertu et de l’amour se présentoient à moi, et je voyois les ombres touchantes de Virginie et de Paul : j’aimois à faire revivre ces êtres aimables et infortunés ; j’aimois à leur offrir des ombrages aussi doux que ceux des cocotiers, une nature aussi grande que celle des tropiques, des rivages solitaires et magnifiques comme ceux de la mer des Indes.

Ce fut au milieu de ces rêves, de ces fictions et de ces souvenirs que je fus surprise un jour par le récit touchant d’une de ces infortunes qui vont chercher au fond du cœur des larmes et des regrets. L’histoire d’un jeune Suédois d’une naissance illustre me fut racontée par la personne même qui avoit été la cause innocente de son malheur. J’obtins quelques fragmens écrits par lui-même : je ne pus les parcourir qu’à la hâte ; mais je résolus de noter sur-le-champ les traits principaux qui étoient restés gravés dans ma mémoire. J’obtins après quelques années la permission de les publier : je changeai les noms, les lieux, les temps ; je remplis les lacunes, j’ajoutai les détails qui me parurent nécessaires ; mais, je